Dans notre série sur la littérature argentine, voici un aperçu de la littérature argentine à travers ses femmes. Peut-être certains noms vous seront ils familiers. Les rues de Puerto Madero, le quartier qui met à l’honneur les femmes argentines, sont en effet consacrées aux personnalités littéraires.
Au XIXème siècle, plusieurs figures féminines participent à la naissance de la nation
L’indépendance de l’Argentine est déclarée au début du XIXème siècle. Des personnages féminins de première importance, femmes novatrices et engagées, ponctuent l’histoire de ce siècle.
C’est le cas par exemple de Mariquita Sanchez de Thomson (1786-1868), surtout connue parce que c’est chez elle qu’a été chanté pour la 1ère fois l’actuel l’hymne argentin. Toutefois elle fut aussi une femme très engagée dans le milieu intellectuel et littéraire de son temps, et ses mémoires constituent un précieux témoignage de cette époque.
Juana Manuela Gorriti (1818-1892) et Eduarda Mansilla (1834 – 1892) dont les écrits sont prédit précurseurs du roman argentin, sont toutes deux issues de la haute société. Elles sont les premières à écrire pour les enfants en Argentine. Si Juana Manuela Gorriti est surtout célèbre pour sa passion pour la cuisine. Son ouvrage ” la cuisine éclectique ” comporte une foule d’information sur les habitudes culinaires de l’époque. Elle n’en est pas moins une grande conteuse. Ses contes pour enfants s’inspirent des légendes et des terres américaines où elle a vécu : Salta, Lima et Buenos Aires. Eduarda Mansilla, quant à elle, a touché à tous les styles roman, écrivant aussi bien en espagnol qu’en français. Son roman “Pablo ou la vie dans les pampas” publié en français est précurseur du style gauchesque. Elle a d’ailleurs reçu les meilleurs éloges de Victor Hugo.
D’autre part, Juana Manso (1819-1875) et Rosa Guerra (1834-1864) constituent deux féministes de la première heure, écrivaines et journalistes, qui jouèrent un rôle actif pour favoriser l’éducation des jeunes filles.
Le XXème siècle
Au tournant du siècle, l’univers de la poésie argentine est marquée par la figure d’Alfonsina Storni (1892-1938) dont le suicide par noyade a inspiré la célèbre Zamba ” Alfonsina y el Mar “.
D’origine suisse, elle naît à Rosario mais part ensuite à Buenos Aires pour se consacrer à la poésie où elle prit une part active au monde littéraire, participant à la création de Société Argentine d’écrivains.
Alejandra Pizarnik (1936-1972) est une autre poète argentine, décédée aussi tragiquement. Entre 1960 et 1964, elle entreprit un voyage à Paris où elle travailla comme traductrice et cotoya plusieurs personalités littéraires comme Octavio Paz ou Julio Cortazar. Son oeuvre est immense malgré sa courte vie. Elle est constituée de textes et poèmes surréalistes marqués par son extrême sensibilité et empreints de thèmes comme l’enfance et la mort.
Silvina Ocampo (1903-1993) et sa soeur Victoria Ocampo sont deux figures du monde littéraire argentin. Victoria a participé à la diffusion des textes et auteurs, en créant la revue littéraire Sur et Silvina, par contre, s’est consacré à l’écriture de contes et nouvelles. La figure de Silvina est souvent effacée par celle de son mari, Adolfo Bioy Casares et de Jorges Luis Borges, proche ami de la famille.
XXIème siècle, les femmes sur le devant de la scène
Parmi la “nouvelle narrative argentine” (voir les auteurs depuis 1990 à nos jours), les femmes ont une place de choix. Citons par exemple Samantha Schweblin (1978 -) qui a reçu de nombreux prix pour ses recueils de nouvelles. Ou bien Florencia Abbate (1976 – ) qui s’est fait connaître avec son premier roman ” el grito ” qui relate l’histoire de 4 personnages au coeur de la crise de 2001. Mariana Enriquez (1973 – ), quant à elle, excelle dans le genre d’épouvante: ses romans et nouvelles sont empreints d’une atmosphère sombre et fantastique.
Parmi les représentantes de la littérature féministe, Gabriela Cabezón Cámara (1968 – ) est un auteur qui a écrit le roman ” Las aventuras de la China Iron “. Elle se réapproprie Martin Fierro, un grand classique de la littérature gauchesque, pour en donner une version féminine: elle raconte l’histoire de la China, la femme de Fierro.
Enfin, dans un genre tout à fait particulier, l’heroic fantasy, c’est une femme qui se démarque, Liliana Bodoc (1958-2018). Sa trilogie la saga des confins (T.1 les jours du venado T2. l’ombre T3. le feu) eut un grand retentissement dans le monde de la littérature de jeunesse, recevant plusieurs prix et distintions. Elle est plutôt dirigée au jeune public. Cependant, elle reste intéressante pour les adultes car il s’agit d’une saga de l’ampleur de Tolkien mais écrite d’un point de vue latino-américain. Les événements de cette fiction sont en effet grandement inspirés de l’histoire de la Colonisation de l’Amérique et les peuples protagonistes partagent de nombreuses caractéristiques avec les peuples précolombiens. La saga est traduite en français: c’est une bonne idée pour initier les plus jeunes à la culture sud-américaine!
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